Chapitre 13

 

 

Les dalles du chemin me donnaient l’impression de se desceller sous mes pieds nus. Je pris brusquement conscience qu’ils devaient présenter de menues écorchures, qu’elles semblaient ainsi effleurer.

Tout en m’accrochant plus fermement au bras de Sholto, je baissai les yeux pour voir sur quoi nous marchions : des pierres, tout en nuances de noir, où se formaient des images ! Comme si des fragments issus de la partie informe de la Meute Sauvage s’y trouvaient intégrés, mais il ne s’agissait pas seulement d’images visuelles. Des tentacules et des membres disparates se tendaient vers la surface minérale et pouvaient nous toucher. Ces fragments miniaturisés de magie sauvage semblaient particulièrement intéressés par toutes mes égratignures.

Je sursautai, attirant quasiment Sholto hors du sentier.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? me demanda-t-il.

— Je pense que les pierres se nourrissent des entailles sur mes pieds.

— Alors je vais devoir poser le Seigneur des Tempêtes quelque part, afin de te porter.

À ces mots, le centre du jardin s’élargit tels une bouche ou un morceau de tissu déployé pour faire une manche.

Les plantes croissaient trop rapidement pour être naturelles en produisant un bruissement sec, glissant, qui me fit inspecter les alentours. Il arrivait qu’elles se meuvent ainsi simplement pour mettre en place un nouveau morceau de la Féerie, mais d’autres fois, pour vous attaquer. J’avais été saignée par des rosiers dans l’Antichambre de la Salle du Trône des Unseelies. Mon sang les avait réveillés. Et comme cela avait été douloureux, et terrifiant ! Les végétaux ne pensent pas comme nous, et leur donner une capacité motrice n’y changera rien du tout. Ils ne comprennent pas comment pensent et ce que ressentent les animaux. Je suppose que l’inverse se vérifie, mais je n’allais pas les blesser accidentellement, et n’étais pas si sûre que ça que ces plantes murmurantes dans leur hâte m’accordent la même garantie.

D’habitude, je me sentais en sécurité lorsque la magie de la Déesse se manifestait avec autant d’intensité, mais quelque chose dans ce jardin me rendait nerveuse. Peut-être était-ce la sensation de ces pierres qui bougeaient sous mes pieds, les léchant et s’abreuvant de leurs minuscules bouches aux menues coupures qui les tailladaient. Ou il se pouvait que ce soient les herbes qui vous faisaient presque ressentir des vertiges à regarder trop longtemps ces motifs entrelacés qu’elles composaient.

Après un coup d’œil derrière nous, je remarquai que la haie de rosiers s’était tricotée d’elle-même tout autour du jardin. Non, il s’y trouvait un portail en fait, ressemblant à ceux de clôture blanche à barreaux, avec une élégante arche en bois clair, ciselée de motifs. Et je sus alors qu’il ne s’agissait pas du tout de bois mais d’os.

Quatre arbrisseaux étaient apparus au milieu du jardin, là où les herbes et les pierres s’étaient écartées. Du lierre s’entortillait autour et le bois se formait suivant les lignes torsadées de ces tiges, comme le font les troncs lorsque ce type de plantes les façonne toute leur vie durant. Elles s’entrelacèrent au-dessus de leurs cimes, les branches et les feuilles se tissant en baldaquin, pour former plus bas un entrelacs en dentelle, où en dessous pointèrent de nouveaux brins d’herbe pour produire un coussin de végétation. Le jardin faisait pousser un lit pour Mistral !

Des pétales tombèrent à verse dessus. Pas uniquement les pétales de rose qui pleuvaient parfois autour de moi, mais de fleurs de toutes les couleurs et variétés, pour former quatre oreillers qui se répartirent sur la largeur de la tête de lit, puis une couverture, qui s’enroula d’elle-même au pied, prête à accueillir pour la nuit.

Sholto me lança un regard interrogateur, auquel je répondis du mieux possible.

— Ton sithin nous a préparé un endroit où nous pourrons dormir et soigner Mistral.

— Et pour te soigner toi aussi, Meredith.

— Pour nous soigner tous, lui dis-je en lui étreignant le bras.

Il s’avança vers le lit sur des herbes couchées d’un vert si vif qu’elles en semblaient trop acidulées pour de la chlorophylle. Au moment où je passai de la pierre à cette étendue verdoyante, je compris qu’il s’agissait en fait de petits cailloux. Après avoir examiné la surface sur laquelle nous venions de marcher, je constatai qu’elle était constituée d’émeraudes qui crissaient sous nos pieds, sans être aiguës ni blessantes. Je n’aurais pu décrire la texture produite par ces joyaux. On aurait quasiment dit une vraie pelouse formée, par le plus grand des hasards, de pierres précieuses.

Sholto avait déposé Mistral au milieu du lit. J’avais l’impression qu’il savait ce que nous devions faire pour le guérir. La voix de la Divinité s’abstenait cette nuit de me guider.

Le lit était suffisamment haut pour que je sois obligée d’y grimper plutôt que de m’y asseoir. Les plantes grimpantes qui en ornaient la structure s’entortillèrent autour de moi et me soulevèrent. M’apportant un peu trop d’aide pour me rassurer. Ce lit était bienvenu, mais la pensée de ces vrilles capables de m’entortiller aussi rapidement pendant mon sommeil n’était pas particulièrement réjouissante.

Sholto s’agenouilla à côté de Mistral, tandis que je crapahutais à l’opposé.

— Pour qui est le quatrième coussin ? s’étonna-t-il.

Agenouillée dans ce moelleux produit par les herbes, les plantes grimpantes et les pétales, je fixai les oreillers.

— Je ne sais pas… commençai-je à dire, quand soudain surgit un nom : Doyle !

Sholto me regarda.

— Il est à l’hôpital des humains à des kilomètres d’ici, entouré de métal et de technologie.

— C’est vrai.

Et sur ces mots, je sus que nous devions aller le chercher. Nous devions le sauver ! Le sauver ?

— Nous devons le sauver ! dis-je tout haut.

— Mais de quoi ? s’enquit Sholto, interloqué.

Je connus cet instant de panique devenu familier. Il ne s’agissait pas de mots mais d’un sentiment… de peur, que je n’avais ressenti que deux fois auparavant : lorsque Galen était tombé dans une embuscade destinée à l’éliminer, et lorsque Barinthus, notre plus puissant allié à la Cour Unseelie, s’était retrouvé la cible d’un complot magique fomenté par nos ennemis, qui avaient manigancé de telle sorte que la Reine avait bien failli le tuer.

— Il n’y a pas le temps de t’expliquer, répondis-je à Sholto en lui agrippant fermement le bras. Mistral peut rester ici immergé dans la magie de la Féerie. Nous reviendrons pour lui transfuser la nôtre, mais pour le moment la vie de Doyle ne tient plus qu’à un fil. Je le sens, Sholto, et mon intuition ne m’a jusque-là jamais trompée !

Il ne chercha pas à discuter, l’une des qualités que j’appréciais à sa juste valeur chez lui. La couverture de pétales remonta en glissant pour recouvrir Mistral là où Sholto l’avait allongé, sans aide visible ou perceptible. La magie effleura chaque blessure que lui avait infligée le fer ; c’était le mieux que nous puissions faire jusqu’à notre retour.

Sholto se tourna vers moi. Sans le corps de Mistral pour me bloquer la vue, ses tentacules avaient l’apparence du tissu, et c’était tout ce qu’il portait au-dessus de la ceinture.

— Comment parviendrons-nous à arriver à temps pour sauver Doyle ? demanda-t-il.

— Tu es le Seigneur de l’Insaisissable, Sholto. Tu nous as conduits là où la prairie rencontre les sous-bois, là où le rivage rencontre l’océan. N’y a-t-il aucun endroit dans un hôpital qui représente un lieu intermédiaire ?

Il y réfléchit quelques secondes avant d’opiner du chef.

— Entre la vie et la mort. Bon nombre de patients hospitalisés oscillent entre les deux. Mais c’est un bâtiment bien trop saturé de métal et de technologie pour moi, Meredith. Je n’ai pas de sang humain pour m’aider à user de magie majeure tout en évitant les effets secondaires.

Je lui pris la main et entremêlai mes doigts bien plus petits aux siens.

— Mais moi si.

Il me dévisagea en sourcillant.

— Il ne s’agit pas de ta magie, mais de la mienne.

— Déesse, guidez-moi, priai-je. Montrez-moi la voie.

— Tes cheveux, murmura Sholto. Du gui y est encore emmêlé.

En tournant la tête, je sentis la texture cireuse des feuilles m’effleurer. Un tâtonnement me permit de localiser les baies blanches. Je levai les yeux vers Sholto, coiffé d’une couronne d’herbes entrelacées qui s’ornaient de minuscules efflorescences étoilées lavande, bleu et blanc. Il leva la main et nous y vîmes également une vrille verte telle une bague qui s’épanouit à son doigt de fleurs immaculées, semblables aux gemmes les plus délicates.

Un mouvement autour de ma cheville m’incita à relever ma robe pour y découvrir un bracelet de feuilles vertes et jaunes, du thym citron qui s’entortillait autour. Hormis le gui, apparu une nuit où j’étais en compagnie de certains de mes hommes, c’était ce que nous avions gagné lorsque Sholto et moi avions fait l’amour pour la première fois.

Une vrille s’éleva alors du lit, tel un serpent vert épineux, pour se mouvoir vers nos mains réunies.

— Pourquoi y a-t-il toujours des épines ? demandai-je, mais il s’agissait de l’un de ces moments où mes souhaits n’en changeraient pas la Féerie pour autant.

— Parce que tout ce qui vaut la peine d’être acquis fait mal, répondit Sholto.

Sa main se contracta sur la mienne, puis la tige les localisa toutes les deux et entreprit de les ligoter en nous égratignant la peau de ses épines, ce qui provoqua de légers élancements. Notre sang commença à perler doucement, glissant et s’entremêlant le long de nos mains pressées de plus en plus l’une contre l’autre par ce lien acéré. Cela aurait dû faire mal, lorsque l’éclat du soleil d’été nous illumina soudain, et le parfum des herbes et des roses, réchauffé par cet astre donneur de vie, se diffusa tout autour de nous.

La tige qui nous liait les mains s’épanouit d’efflorescences. Des roses saumonées recouvrirent la plante, ainsi que ces blessures douloureuses, en nous offrant un bouquet plus intime qu’aucun fait par l’homme.

Je sentis un mouvement dans mes cheveux, et Sholto dit en se penchant pour m’embrasser :

— Tu portes une couronne de gui et de roses blanches.

Il prit mon visage au creux de sa main libre portant la bague de fleurs et m’embrassa. Nous nous reculâmes ensuite juste assez pour pouvoir parler.

— Par nos sangs mêlés, murmurai-je.

— Par le pouvoir de la Déesse, entonna-t-il.

— Permettez-nous de nous unir à notre pouvoir, poursuivis-je.

— Et à nos royaumes, renchérit-il.

— Qu’il en soit ainsi.

Puis une sonnerie rappelant celle d’une cloche gigantesque nous parvint, comme si l’univers avait attendu que nous énoncions ces mots. Leur signification aurait dû m’effrayer. J’aurais dû douter mais, à cet instant, il n’y avait pas la moindre place pour ça. Il n’y avait que les yeux de Sholto fixés sur les miens, sa paume contre ma joue, nos mains liées ensemble par la magie de la Féerie.

— Que cela puisse être, répondit-il. Allons maintenant porter secours à nos Ténèbres.

J’avais voyagé avec Sholto dans ces lieux intermédiaires, sans avoir jamais senti son pouvoir se répandre de la sorte. De manière surprenante, cela s’apparentait à une main se tendant dans le noir jusqu’à ce qu’elle trouve ce qu’elle y cherche et le ramène.

Un instant nous étions au cœur de la Féerie, et le suivant nous nous retrouvâmes aux urgences, entourés de médecins, d’infirmiers et de moniteurs tonitruants. Un docteur faisait un massage cardiaque à un homme sur une civière.

Leurs regards s’arrêtèrent brièvement sur nous, avant que nous repartions en les laissant à leur réanimation pour sauver cet inconnu, si cela était possible.

— Mais où est-il, Meredith ? s’enquit Sholto.

Il nous avait conduits ici mais, à présent, il m’incombait de trouver Doyle, et à temps.

Les ténèbres dévorantes
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